Le Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen.
Ancien couvent des sœurs de la Visitation de Sainte Marie (1680-91), le Muséum est créé en 1828 par Felix Archimède Pouchet, dont le buste de marbre surveille l’escalier donnant accès aux salles d’exposition. Ouvert au public en 1834, son successeur Georges Pennetier fut conservateur durant 50 ans, il inventa le diorama dans les musées : singes et gorilles empaillés devant un décor peint de savane africaine, hérons dressés au milieu des roseaux et ce qui fit la nouveauté, la ferme normande avec un diorama sur fond de la ville de Rouen… Et des vitrines à petits bois. Nostalgie…
L'entrée du Muséum d'Histoire Naturelle de Rouen. Photo Roger Boulay (Tous Droits réservés) |
L’escalier n’a sans doute pas changé depuis 1834. Ses murs recevant les massacres, les trophées, les boites à spécimens de fruits et de graines, collections diverses sous leurs verres protecteurs.
Puis en haut d’un escalier en colimaçon, le pont supérieur : on trouve les crânes et les fœtus ; une porte encore pour la salle d’ethnologie. Le grand bric à brac : Pirogue maori, vitrines par aires géographiques et, dans sa vitrine, seule depuis l’exposition Universelle, la samoane frappant le tapa. Ses voisins sont muets : squelettes montés de quelques marsupiaux ou mammifères. Tous enduits d’un gris velouté que je pensais être une poussière ancestrale. Mieux ! Cette coloration est la conséquence d’un siècle de chauffage des salles aux poêles à charbon. On imagine les gardiens secouant le cendrier de chaque calorifère tous les matins d’ouverture.
"La Samoane battant le tapa". Photo Roger Boulay (Tous Droits réservés) |
Les tables vitrées surmontant les meubles à tiroirs, croulent sous des alignements de produits de l’industrie lithique des paléos et des néos : les haches, les lames, les éclats et face à ces marqueurs du progrès des civilisations des temps antédiluviens deux panoplies dont le texte calligraphié au Ripolin des sixties indique « objets des sauvages de la préhistoire contemporaine » et « les survivances de la préhistoire » où l’on voit quelques herminettes kanak.
Une des rares panoplies du 19ème siècle étant parvenue jusqu'à nous. Photo Roger Boulay (Tous Droits réservés) |
Vitrine n° 15 : La Nouvelle Calédonie. On y trouve un arrangement façon panoplie d’armes incluant clous et fil de fer… Tout ça ne semble pas avoir été touché depuis 1890. Et cette permanence sur les objets « exotiques » des appellations antiques : « apouéma », « toquis », « bâton de commandement », « noula noula », « trône ». En ce XIXème siècle on voit un foisonnement de lieux communs pour toutes les descriptions des objets des sociétés humaines face à la grande précision des nomenclatures des spécimens d’histoire naturelle.
Le premier objet kanak rentré pourrait être d’après le registre un écheveau de poils de roussette donné par Lennier (conservateur du Muséum du Havre) le 7 septembre 1873. Suivent en 1875 les objets de la belle collection Rumeau, puis en Juillet 1897 la collection P.E.Faucon (don), suivie en septembre de la collection Barbé (achat). En 1901 Auguste Vercoutre (don), Faucon encore en 1903 accompagné du don de madame veuve Knieder complètent la collection d’objets de Nouvelle Calédonie.
Roger Boulay
Toute l'équipe de l'I.P.K.D. adresse ses sincères remerciements à messieurs Sébastien Minchin, directeur du Muséum d'Histoire Naturelle de Rouen, et Thierry Kermanach.
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